Faut-il autoriser les deux-roues motorisés à remonter les files ?

La remontée de files « l’interfile » consiste à se déporter latéralement pour circuler dans l’espace disponible entre deux files de véhicules ralentis ou à l’arrêt, permettant ainsi aux deux-roues motorisés d’y progresser à une vitesse supérieure à l’ensemble du trafic et d’échapper aux « bouchons ».

L’article 414-15 du code de la route prévoit « lorsque sur les routes à sens unique et les routes à plus de deux voies, la circulation est, en raison de sa densité, en file ininterrompue sur toutes les voies, le fait que les véhicules d’une file circulent plus vite que les véhicules d’une autre file n’est pas considéré comme un dépassement ».

Cet article ne vise pas la remontée de files par des deux-roues motorisés dans des voies déjà occupées par des véhicules.

En effet, et en l’absence de disposition l’autorisant, la remontée de files est susceptible de sanctions pour vitesse inadaptée, dépassement par la droite et non-respect des distances de sécurité.

Il faut savoir que les dépassements sont réglementés par l’article R 414-4 qui prévoit :

I - Avant de dépasser, tout conducteur doit s’assurer qu’il peut le faire sans danger.

II - Il ne peut dépasser un véhicule que si :

Il a la possibilité de rependre sa place dans le courant normal de la circulation sans gêner celle-ci.

La vitesse relative des deux véhicules permettra d’effectuer le dépassement dans un temps suffisamment bref.

S’il n’est pas lui-même sur le point d’être dépassé.

III - Il doit en outre, avertir de son intention l’usager qu’il doit dépasser.

IV - Pour effectuer le dépassement, il doit se déporter suffisamment pour ne pas risquer de heurter l’usager qu’il veut dépasser.

Le fait, pour tout conducteur de contrevenir aux dispositions des II à IV ci-dessus est puni de l’amende prévue pour les contraventions de quatrième classe. Il encourt également une suspension du permis de conduire et un retrait de trois points du permis de conduire.

Cependant, la pratique est devenue courante dans les agglomérations les plus encombrées et les pouvoirs publics ont ouvert une concertation en vue d’une nouvelle législation.

Le Conseil National de la Sécurité Routière a voté une recommandation, qui sera portée devant le ministre de l’Intérieur et qui concerne l’expérimentation de la remontée « interfile » des deux-roues motorisés dans le cadre strict de certaines voies rapides urbaines. Lyon, Marseille, Besançon et le périphérique parisien sont envisagés pour les sites pilotes.

L’Observatoire de la sécurité routière constate qu’il existe bien une accidentalité des motocyclistes remontant les files. Elle n’est pas négligeable puisqu’elle représente en moyenne au moins 4 % des accidents impliquant les motos. C’est le différentiel de vitesse entre la moto qui « remonte » et la circulation « ambiante » qui est le facteur majeur des accidents. En 2012, 91 % des conducteurs interrogés reconnaissent remonter les files.

Les accidents graves pour ce motif sont rares et ils ne sont pas recensés.

Un consensus semble se dégager sur la légalisation limitée aux voies rapides, aux rocades, dont le périphérique parisien et aux autoroutes. La mesure ne concernerait pas la conduite en ville en raison des risques de conflit avec d’autres usagers vulnérables.

La législation ne contribuera pas à améliorer ni à dégrader la sécurité routière, « il s’agit davantage d’une mesure de mobilité que de sécurité routière » selon Emmanuel RENARD – Directeur de la Formation et de l’Éducation de l’Association Prévention Routière.